Les nouvelles méthodes des pro-vie contre l'IVG
- Brunet Salomé
- 10 févr. 2016
- 4 min de lecture

Banière d'acceuil du site ivg.net
A l'heure où internet et les réseaux sociaux s’immiscent de plus en plus dans notre vie quotidienne les associations contre l'IVG aussi appelées "pro-vie" utilisent ces outils pour répandre leurs pensées de façon insidieuse. Tout d'abord il faut essayer de comprendre qui sont ces personnes qui se considèrent comme pro-vie. Le mouvement pro-vie est un mouvement qui défend le "droit à la vie", ils sont donc contre l'avortement mais aussi l'euthanasie ou la contragestion, souvent proche des catholiques fondamentalistes et de l'extrême droite. Ces associations tels qu’Alliance VITA se servent de ces nouveaux moyens de communication pour donner aux jeunes filles des conseils supposés être neutres mais en réalité orientés vers le choix de garder l'enfant à travers des sites tel qu' ivg.net, ivginfo.com ou encore sos-bébé.
Concentrons-nous sur le site ivg.net, en apparence un site sérieux, une rubrique droit, une rubrique santé, un numéro vert et des témoignages de jeunes femmes qui se sont trouvées confrontées à la possibilité d'avorter au cours de leur vie. Mais quand on regarde vraiment ce site une toute autre réalité apparaît. L'AFP (Agence France Presse) chargée de collecter, vérifier, recouper et diffuser les informations, révèle que ce site, donc également son numéro vert et ses contacts par mail, sont en fait gérés par l'association ''SOS Détresse'' elle-même dirigée par René Sentis, un patron de PME et auteur de livres chrétiens traitant de sujets tel que la fécondité ou bien l'amour, lié à la sphère pro-vie. La seule mention de l'association sur le site se trouve après avoir cliquer sur le lien ''faire un don'', et ce n'est écrit qu'une fois en haut de page, autrement aucune mention m^me dans le ''Qui sommes nous''.

Capture d'écran de la rubrique "Qui sommes nous" du site ivg.net
En première page des photos de femmes visiblement tristes, des témoignages de femmes qui ont mal vécu leur IVG, les termes ''douleur'', ''culpabilité'' reviennent souvent. Ils s'opposent à des témoignages de femmes ayant gardé le bébé qui sont heureuses. Les ''risques'' de l'IVG sont quant à eux parfois exagérés voire parfaitement erronés si l'on se réfère à plusieurs témoignages de psychologues, gynécologues ou d'études scientifiques.
Mais l'association ne s'arrête pas là. Aujourd'hui les réseaux sociaux sont un outil majeur pour les jeunes et elle a donc créé une page Facebook où environ deux témoignages sont postés par jour.

Banière de la page facebook d'ivg.net et avortement.net
Encore une fois ce ne sont que des témoignages de femmes minées par leur avortement ou alors très heureuse avec leur(s) enfant(s) parfois photos à l'appui. Après lecture de certains témoignages on note des mots ou expressions qui sont souvent répétés tels que : ''tuer mon bébé'' ou encore ''réfléchissez à deux fois...'', ''N'écoutez pas l'avis des personnes qui vous entourent '' (eux-mêmes souvent qualifié de ''bourreaux'' ou autres termes péjoratifs).
Aujourd'hui, malheureusement depuis peu (2013), un site gouvernemental a été mis en place concernant l'IVG mais les sites pro-vie restent majoritaires. D'ailleurs le premier résultat quand on tape IVG sur Google grâce au nombre de vues et également grâce à l'argent versé au moteur de recherche, est ivg.net. En 2013 un nouveau site voit le jour, avortement.net. Il est partagé avec une annonce plutôt claire, le but étant ''[le] maintien du site bien visible dans le top 3 de Google, [ce qui] permettra ainsi de SAUVER des mères et des bébés''. Ce site n'est en fait qu'une ''extension'' du site ivg.net. le numéro vert est le même, la page facebook évoquée précédemment utilise la photo de ce site et mentionne, les deux sites. Sur leur site on retrouve un lien vers ivg.net et surtout la rubrique ''Qui sommes-nous'' qui est exactement la même et ne mentionne toujours pas l’association ''SOS Détresse''.
Aujourd'hui la loi pour l'égalité réelle entre les hommes et les femmes adoptée en 2014 punit plus sévèrement le délit d'entrave à l'IVG en y incluant le fait de fournir des informations orientées et erronées. Ces sites encourent donc jusqu'à 2 ans de prisons et 30 000 euros d'amende.
Il y a quelques semaines une lectrice du magazine ''Causette'' a fait remarquer que le site du gouvernement, qui était passé en premier résultat, s'est fait une nouvelle fois doubler par ivg.net. Le magazine invite donc à cliquer massivement sur le lien du site du gouvernement, la ministre Marisol Touraine est également intervenue via twitter pour inciter et remercier les personnes ayant cliqué. Mais d'après deux spécialistes de l'optimisation chez Google cette action pourrait avoir l'effet inverse puisque le moteur de recherche détecte les tricherie et peut déclasser le site. En plus de cette action l’État a récemment confié à l'Express avoir finalement accepté de payer Google pour être mieux référencé. Le gouvernement y a également associé la partie sociale et santé, qui étaient il y a peu encore deux sites différents, dans le but, encore une fois, d'être mieux référencé. Malgré tout cela, à l'heure de l'écriture de cet article, ivg.net reste le premier résultat après avoir tapé IVG.
Comentários