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En faveur ou défaveur de l'IVG en France après la loi Veil

  • Brunet Salomé
  • 18 févr. 2016
  • 7 min de lecture

Avant la loi Veil les combats pour ou contre le passage de cette loi étaient fréquents. Après sa légalisation en 1975, alors que certains se battent pour son maintien et son amélioration d'autres, au contraire, sont restés totalement défavorables et continuent à manifester pour le retour à la pénalisation de l'avortement. Alors qui sont ces personnes qui se battent dans un sens ou dans l'autre ?

Depuis 1975 la loi Veil a subi plusieurs modifications, certaines plus anciennes que d'autres. D'abord la loi Roudy, en 1982 qui prévoit le remboursement de l'IVG, ensuite la loi Neiertz punissant légalement tout obstacle volontaire de l'IVG. Puis une loi en 2014 qui durçit encore cette notion d'entrave à l'IVG. Pour toutes ces lois et ces évolutions des hommes et des femmes se sont battus. Alors pourquoi pensent-il que cette loi est vraiment nécessaire dans notre société et comment se battent-ils pour plus d'informations ?

En première ligne de ce combat nous avons bien évidemment les Plannings Familiaux et les médecins qui pratiquent l'IVG. Si pour certains aujourd'hui encore ils restent des militants, on ne peut pas vraiment les qualifier de tels puisque l'acte s'est normalisé en France. Par contre se sont bel et bien des militants qui les premiers ont pratiqué des IVG et ont permis l'accès à cet acte. Parce que même si la loi était alors passée, sans médecins pour le pratiquer rien n'aurait pu être réalisé. Et encore aujourd'hui c'est grâce à eux si les femmes peuvent avoir accès à l'IVG. Ces femmes et ces hommes qui travaillent dans les Plannings Familiaux sont eux aussi des militants pour l'IVG, ils en pratiquent ou procèdent à un suivi psychologique des patientes. Ensemble ces personnels de santé aident au quotidien cette loi à être appliquée et sont présents auprès de milliers de femmes à travers une épreuve très difficile et ce, depuis des années.

De nombreuses associations luttent aussi pour faire respecter le droit des femmes. Tel est le cas par exemple de l'ANCIC (Association Nationale des Centres d'IVG et de Contraception) qui depuis 1979 regroupe des professionels de la santés comme des médecins, des sages femmes, des infirmiers mais aussi "toute personne participant à la défense des droits des femmes, à la réflexion et aux recherches théoriques et pratiques concernant la sexualité, la maîtrise de la procréation et l’éducation sexuelle.". Le but de l'associations est de défendre les droits de la femme, favoriser l'information et l'accès à l'IVG ou à la contraception, ainsi qu'encourager de nouvelles découvertes sur l'IVG ou la contraception. Elle lutte également pour que l'on puisse trouver des centres de proximités dans toute la France.

Dans ce combat il est essentiel de parler de personalités comme Gisèle Halimi par exemple, une avocate en premier lieu connue pour avoir gagné le procès de Bobigny en 1972 [cf procès de Bobigny] et qui a continué après la loi Veil à fréquenter les cercles féministes. Elle écrira plusieurs livres ayant pour sujet l'IVG et entre autre le récit du procès de Bobigny. Elle est présidente de l'association Choisir la cause des femmes une ONG à statut consultatif auprès de l'ONU.

Autre personalité qui s'est récemment engagée dans la lutte en faveur de l'IVG, l'actrice Julie Gayet. Elle est notamment présente dernièrement dans la campagne lancée par l'état "IVG: mon corps mon choix, mon droit" aux côtés de la ministre Marisol Touraine. On la voit avec d'autres poser avec la phrase "mon corps m'appartient" écrite sur le bras.

Dans cette campagne, relayée par le magazine "Cosmopolitain", se sont en majorité des femmes "ordinaires" qui posent, elles aussi engagées dans la lutte pour la préservation de ce droit qu'elles pensent fondamental. Des femmes ont posté sur les résaux sociaux des photos avec le #IVGcestmondroitCosmo. On les voit sur ces photos avec des tatouages éphémères, des dessins, des sacs, tous portant la phrase : "Mon corps m'appartient". Pour la ministre le but de cette campagne est de mieux informer les femmes sur leurs droits à l'IVG. On notera aussi depuis 1975 des manifestations de diverses associations luttant pour ce droit, l'accès à l'IVG. Depuis sa légalisation les manifestations se sont faites plus rares mais aujourd'hui, à l'heure où la population se rend compte que ce droit est fragile et où les lieux où l'on peut se faire avorter s'amoindrissent, tous sentent qu'il est à nouveau nécessaire de se rassembler pour faire valoir ce pour quoi tant de gens ont lutté.

Mais si de nombreuses personnes sont en faveur de la loi Veil, beaucoup sont aussi contre cette législation. En première ligne de ce combat contre l'IVG nous retrouvons également des médecins. En effet ces derniers peuvent faire valoir une objection de conscience qui leur permet de ne pas pratiquer une IVG s'ils réprouvent cet acte. En faisant prévaloir ce droit ils permettent un accès restreint à l'IVG par manque de personnel. Ce qui pour eux signifie tout simplement moins de "meurtres".

Ce combat contre l'IVG est également mené par de nombreuses associations, comme par exemple le mouvement pro-vie [cf: Les nouvelles méthodes des pro-vie contre l'IVG]. Ces mouvements anti-IVG sont catholiques pour la plupart, ayant même parfois des relations avec l'êxtrême droite. Depuis 2005, un collectif d'une dizaine d'associations se réunit chaque année et manifeste contre l'avortement en France.

Photographie d'une manifestation pro-vie en 2014

Une ''marche pour la vie" a par exemple été organisée le 24 janvier 2016 mais a dû être annulée en raison de l'état d'urgence et de l'interdiction de se réunir. Suite à cette annulation, l'association Choisir la Vie, instigatrice de ce rassemblement, invitait tous ceux qui devaient y participer à: "faire du 24 janvier 2016 la Journée Internationale de l’enfant à naître" car selon eux "600 enfants continuent d’être supprimés, chaque jour, par l’avortement ! Il y a « état d’urgence » autour de l’enfant à naître !". Les nouvelles lois libéralisant l'avortement en autorisant la pratique de l'IVG médicamenteuse par les sages femmes leur font de plus en plus peur pour la condition des embryons qui sont pour eux déjà des "enfants".

Beaucoup d'associations pro-vie sont très présentes en France. Tel est le cas d'Alliance Vita fondée en 1993 par Christine Boutin au moment des premières loi bioéthique. Son nom a d'abord été "Alliance pour les droits de la vie (ADV)" qui se transformera en 2011 en Alliance VITA. Alliance VITA a pour vocation d'aider les personnes "confrontées aux épreuves de la vie." et se considère comme protectrice "de la vie humaine". Les membres de l'association sont fermement opposées à l'IVG mais aussi à l'euthanasie ou au mariage homosexuel et à l'adoption par ces couples. Ils mettent en place des actions de sensibilisation dans toute la France grâce à leurs lignes d'écoutes téléphonique "SOS fin de vie" et "SOS bébé" mais également lors d'intervention dans des établissements scolaires. Ils sont également parfois solicités par le gouvernement lors de polémiques incluant la bioéthique, comme en 2014 lors du débat sur la fin de vie où ils prennent position ou apportent leurs connaissances lors de débats télévisés. Alliance VITA mène aussi des recherches en s'associant à de nombreux spécialistes : médecins, philosophes ou juristes. Ils vont aussi à la rencontre de personnes directement concernées et se servent de données précises dans le but d'obtenir des résultats de recherche fiables et vérifiables.

Mais les associations ne sont pas les seules à lutter contre l'avortement.

Certaines stars outre-Atlantique tel que Michael Jackson expriment en chanson leur mécontantement face à la loi concernant l'IVG. Aux Etats-Unis dans "Song Groove (A/K/A Abortion Papers)" dans laquelle il dit "Ce formulaire d’avortement signé en ton nom contre la parole de Dieu, ce formulaire d’avortement, pense à la vie, j’aimerais avoir mon enfant". En France très peu de stars se placeront clairement comme anti avortement ou pro-vie. Mais à la sortie du single de Colonel Reyel "Aurélie" en 2011, de nombreuses personnes s'interrogent sur les intentions de Colonel Reyel et les associations pro-vie n'attendent pas d'en savoir plus pour en faire un argument d'ampleur en leur faveur. En effet la chanson débute sur ces phrases : «Aurélie n’a que 16 ans/ et elle attend un enfant/ Ses amies et ses parents lui conseillent l’avortement/ Elle n’est pas d’accord, elle voit les choses autrement/ Elle dit qu’elle se sent prête pour qu’on l’appelle "maman".» et se conclut par la phrase «Mettre un enfant au monde ne devrait pas être puni/ C’est la plus belle chose qui soit et si tu le nies/ C’est que tu n’as rien compris». Beaucoup ont interprété ces paroles comme une incitation de la part du chanteur à garder un bébé envers et contre tout et à ne pas avorter. Les associations s'en sont donc beaucoup servies, les ont postées sur leurs sites internet suivit de phrases telles que «Aurélie, belles paroles pro-vie de Colonel Reyel, un jeune chanteur !». Mais ces associations ont-elles eu raison de parler d'anti avortement si vite ? C'est ce que laissent penser les paroles qui reprennent certains arguments des anti-ivg : les pressions exercées sur la femme enceinte par exemple "La femme est rarement libre de choisir ou de conserver son enfant à cause des nombreuses pressions exercées" dit Colonel Reyel. Mais quand on lui en parle, Colonel Reyel affirme qu'il n'est "pas contre l'avortement. Il est un droit fondamental à la femme depuis des années en France[...], y'a pas d'hésitation à avoir là-dessus, c'est un fait établit. Ce que j'essaie d'évoquer dans l'histoire, c'est que ça reste avant tout un choix personnel."

"Aurélie", chanson de Colonel Reyel

Pour ou contre en France, les associations et les militants se mobilisent pour faire valoir leurs convictions. Aujourd'hui alors que les lois sur l'avortement se multiplient et tentent de le rendre plus accéssible, certaines personnes se battent dans ce sens afin que cet acte soit libéralisé et que chaque Française connaisse ses droits face à l'IVG et ainsi faire en sorte que l'on ne puisse pas revenir sur certains droits acquis. D'un autres côté, d'autres expriment leur mécontentement face à cette loi qu'ils tentent d'abroger, car pour eux cet acte reste synonyme de meurtre. Ils ne reconnaissent pas le droit aux femmes de disposer librement de leurs corps et de leurs vies : seul le "bébé" a des droits et le stade embryonnaire n'existe pas.


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