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Combat des personnalités et des associations en faveur ou en défaveur de l'IVG avant la loi Veil

  • Faty Touré
  • 2 mars 2016
  • 3 min de lecture

En 1970 , un groupe de femmes se réunit afin de déposer une gerbe sur la tombe du "soldat inconnu" mais elle est destinée à la "femme inconnue" dénonçant ainsi le manque de reconnaissance vis à vis des femmes . Cette évenement donne naissance au Mouvement de Libération des Femmes (MLF). Il n'y a pas de leader mais plusieurs groupes de différentes tendances politiques, phylosophiques ou sociologiques qui vont être fédérées .

Très vite le mouvement prend de l'ampleur notamment grâce à Antoinette Fouque militante pour l'émancipation des femmes. C'est une figure historique du MLF. En avril 1971 elle signe le manifeste des 343 pour le droit à l'avortement. Grâce à Simone de Beauvoir professeur de philosophie , Antoinette Fouque est considérée comme une théoricienne importante du féminisme . Dans son œuvre "Le deuxieme sexe" , elle affirme "on ne naît pas femme , on le devient " . On retrouve également Christine Delphy sociologue et chercheuse dans le domaine d'études de genre , elle est aussi co-fondatrice d'une revue introduisant le courant intellectuel féministe matérialiste. Elles luttent pour les droits de la femme et aussi pour l'avortement.

En 1971 , le Nouvel Observateur, journal de gauche publie dans ses pages la "liste des 343 femmes qui ont eu le courage de signer le manifeste"je me suis fait avorter" '' dans lequel 343 femmes demandent la dépénalisation de l'avortement . Elles réclament en effet le droit d'accéder librement à la contraception , ainsi que celui d'avorter en toute légalité . Simone de Beauvoir rédige quelques phrases dans le manifeste et elles sont suivies des signatures de femmes qui approuvent ces propos . Après sa parution , l'hebdomadaire de Charlie Hebdo fait sa une sur une question " Qui a engrossé les 343 salopes du manifeste sur l'avortement " , ce qui entraîne son appellation familière " le manifeste des 343 salopes ".

Avant les années 1967, le nombre d'avortements clandestins n'est pas connu. La mort de Georges Pompidou change la donne politique . L'élection de Valery Giscard d'Estaing conduit à la législation de l'avortement. C'est l'une des réformes la plus emblématique sous sa présidence . Le projet de loi légalisant l'IVG a donc été confié à une magistrate nommée ministre de la santé : Simone Veil. A cette époque , c'est à dire novembre 1974, le débat est très passionné et dure trois jours. Les opposants à cette loi considéraient que l'embryon était un être vivant et l'avortement un assassinat. C'était la première fois qu'un débat parlementaire était entierement retransmis à la télévision. Finalement 284 députés ont voté en faveur de la loi Veil , parmis eux 181 appartenaient à l'opposition. La législation de l'avortement n'a pu se faire que grâce à la gauche venant en rescousse des députés centristes favorable à loi mais non majoritaire à l'assemlée dans ce cas précis donc le président savait que sa majorité n'était pas disposée à le suivre systématiquement sur toutes ces réformes dont celle ci .

Jérome Lejeune est un médecin qui a découvert l'anomalie chromosomique responsable de la trisomie 21. Il milite contre l'avortement pour aider les femmes qui veulent garder leurs enfants ou les faire adopter. Il met donc en place les maisons "Tom Pouce" qui sont des foyers où les femmes peuvent être accueillies et aidées avant et après la naissance de leurs enfants. En 1974, Jerome Lejeune est nommé à l'académie pontificale des sciences. Cette académie a pour but de réunir les savants les plus distingués pour conseiller le pape . Bien que ce dernier déclare comme sacrée la vie humaine dès le commencement , l'Eglise de France reste très prudente face à cette législation. Lejeune, lui, continue à s'opposer à la dépénalisation de l'avortement , devenant l'une des figures principales de cette loi . Face aux propositions d'IVG , il détourne l'acronyme en parlant " d'interruption de la vie gênante ".

Simone Veil est la figure de la loi sur l'IVG, rescapée de la Shoah, elle est nommée ministre de la santé en mai 1974 . Elle est chargée de présenter au Parlement le projet de loi sur l'IVG , qui dépénalise l'avortement. Elle soutient que " l'avortement doit rester l'exception , l'ultime recours pour des situations sans issue " . Le projet de loi autorise l'interruption de grossesse avant la dixième semaine sur simple demande d'un médecin. Mais le texte ne prévoit pas que l'acte soit remboursé par la sécurité sociale , il faudra attendre dix ans de plus . C'est une loi provisoire pour cinq ans . Il en faudra une deuxième , adoptée le 31 décembre 1979, pour que l'avortement soit définitivement légalisé . Il faudra aussi la mobilisation des femmes pour que cette loi soit vraiment appliquée car de nombreux médecins invoquent la clause de conscience pour refuser de pratiquer l'IVG . En 1983 une loi autorise enfin son remboursement par la Sécurité Sociale.


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